RÉSUMÉ DES CARACTÉRISTIQUES DU PRODUIT

ANSM - Mis à jour le : 13/10/2011

1. DENOMINATION DU MEDICAMENT

ESMERON 10 mg/ml, solution injectable

2. COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE

Bromure de rocuronium .................................................................................................................... 10,0 mg

Pour 1 ml.

Chaque flacon de 2,5 ml contient 25 mg de bromure de rocuronium.

Chaque flacon de 5 ml contient 50 mg de bromure de rocuronium.

Chaque flacon de 10 ml contient 100 mg de bromure de rocuronium.

Excipient: 1 ml d'ESMERON contient 1,86 mg de sodium.

Pour la liste complète des excipients, voir rubrique 6.1.

3. FORME PHARMACEUTIQUE

Solution injectable.

pH de la solution: 3,8 à 4,2.

4. DONNEES CLINIQUES

4.1. Indications thérapeutiques

Le bromure de rocuronium est indiqué comme adjuvant de l'anesthésie générale, pour faciliter l'intubation trachéale, assurer la relaxation musculaire et faciliter la ventilation mécanique.

4.2. Posologie et mode d'administration

Le bromure de rocuronium ne doit être administré que par des anesthésistes ou des praticiens familiarisés avec l'utilisation et l'action des curares ou sous leur contrôle. Du matériel d'intubation trachéale, d'assistance respiratoire et d'oxygénation artérielle adéquat doit être disponible.

Comme avec tous les autres curarisants, la posologie du bromure de rocuronium doit être adaptée à chaque patient. Elle dépend de la méthode d'anesthésie associée (avec ou sans agent halogéné), du type de chirurgie (niveau du blocage neuromusculaire souhaité), de la durée présumée de l'intervention, des interactions éventuelles avec d'autres médicaments administrés avant ou pendant l'anesthésie et du statut pathologique du patient (insuffisance rénale et/ou hépatique en particulier).

Le bromure de rocuronium doit être employé sous contrôle d'une méthode instrumentale (moniteur de curarisation) estimant le degré de relâchement musculaire pendant l'injection mais également à l'arrêt du traitement afin d'évaluer le niveau de décurarisation (récupération) dans le but notamment de poser l'indication éventuelle d'une décurarisation pharmacologique.

Les anesthésiques volatils potentialisent l'action du bromure de rocuronium. Cette potentialisation ne devient cliniquement significative au cours de l'anesthésie que lorsque les anesthésiques volatils ont atteint une certaine concentration tissulaire. Il est donc conseillé d'ajuster les doses de bromure de rocuronium en diminuant les doses d'entretien, en espaçant les intervalles d'administration ou en diminuant la vitesse de perfusion au cours des interventions chirurgicales longues (supérieures à 1 heure) où de tels anesthésiques sont utilisés (voir rubrique 4.5).

Chez l'adulte, les posologies suivantes sont proposées à titre indicatif. Elles donnent les doses de bromure de rocuronium à injecter pour l'intubation trachéale et pour obtenir une relaxation musculaire satisfaisante en chirurgie de courte, moyenne ou longue durée.

Intubation trachéale

La dose d'intubation de 0,6 mg de bromure de rocuronium par kg permet d'intuber la plupart des patients en 60 secondes.

Fortes doses

S'il s'avère nécessaire d'utiliser des doses plus importantes chez certains patients, des doses initiales allant jusqu'à 2 mg/kg de bromure de rocuronium ont été administrées en chirurgie sans qu'il ne soit rapporté d'effets indésirables cardiovasculaires. L'administration de ces doses élevées de bromure de rocuronium diminue le délai d'action et augmente la durée d'action (voir rubrique 5.1).

Dose d'entretien

La dose d'entretien recommandée est de 0,15 mg de bromure de rocuronium par kg; lors de l'utilisation au long cours d'anesthésiques volatils, la dose est ramenée de 0,075 à 0,1 mg/kg. Il est préférable d'administrer ces doses d'entretien lorsque la réponse musculaire à une stimulation-test unique (« single twitch ») est revenue à 25 % de la réponse de contrôle (« twitch de contrôle ») ou lorsqu'apparaissent 2 ou 3 réponses au train de quatre.

Perfusion continue

Après une dose d'intubation de 0,6 mg/kg de bromure de rocuronium, une perfusion continue peut être mise en route lorsque le bloc neuromusculaire induit par la dose d'intubation commence spontanément à régresser. Le débit de la perfusion doit être ajusté de façon à maintenir une réponse au « single twitch » à 10 % par rapport au « twitch de contrôle » ou 1 ou 2 réponses au train de quatre. Chez l'adulte, le débit de la perfusion est de 0,3 - 0,6 mg/kg/h sous anesthésie intraveineuse et de 0,3 - 0,4 mg/kg/h sous halogénés pour maintenir ce niveau de blocage neuromusculaire.

Il est essentiel de surveiller en permanence le blocage neuromusculaire du fait de la variabilité des posologies d'un patient à un autre et selon la méthode d'anesthésie utilisée.

Utilisation en pédiatrie

Chez le nourrisson (28 jours - 23 mois), l'enfant (2 -11 ans) et l'adolescent (12 - 18 ans) la dose d'intubation recommandée au cours d'une anesthésie de routine et la dose d'entretien sont similaires à celles recommandées chez l'adulte.

En perfusion continue, les vitesses de perfusion sont les mêmes que chez l'adulte, sauf pour l'enfant. En effet, chez l'enfant, des vitesses de perfusion plus élevées peuvent être nécessaires en raison d'une clairance supérieure. Chez l'enfant, les mêmes vitesses de perfusion initiales que chez l'adulte sont donc recommandées, mais elles doivent être ajustées pour maintenir une réponse au twitch à 10 % du twitch de contrôle ou pour maintenir 1 à 2 réponses à la stimulation au train de quatre pendant l'acte.

Les données disponibles sont insuffisantes pour permettre de recommander l'utilisation du bromure de rocuronium chez le nouveau-né (0 -1 mois).

Utilisation en gériatrie, chez les patients insuffisants hépato-biliaires ou rénaux

La dose d'intubation pour ces patients est la dose standard de 0,6 mg/kg. La dose d'entretien est de 0,075-0,1 mg/kg et le débit de perfusion de 0,3-0,4 mg/kg/h (voir paragraphe « Perfusion continue »).

Utilisation chez le patient à surcharge pondérale ou obèse

Chez le patient avec surcharge pondérale ou chez le patient obèse (poids corporel supérieur ou égal à 30 % du poids idéal) les doses de bromure de rocuronium doivent être réduites en tenant compte du poids idéal.

Administration

Le bromure de rocuronium doit être administré par voie intraveineuse, en bolus ou en perfusion continue (voir rubrique 6.6).

4.3. Contre-indications

Hypersensibilité au rocuronium, à l'ion bromure ou à l'un des excipients d'ESMERON.

4.4. Mises en garde spéciales et précautions d'emploi

Mises en garde spéciales

Chaque flacon de bromure de rocuronium est à usage unique et réservé à un seul patient.

Le bromure de rocuronium entraînant une paralysie des muscles respiratoires, il est obligatoire d'avoir recours à une ventilation assistée pour les patients traités par ce médicament jusqu'à décurarisation complète estimée par des tests instrumentaux et cliniques (monitorage de la curarisation). La décurarisation pharmacologique accélère cette récupération.

Comme avec tous les myorelaxants, une curarisation résiduelle a été rapportée avec le bromure de rocuronium. Afin de prévenir les complications liées à la curarisation résiduelle, il est recommandé de procéder à l'extubation seulement après que le patient ait suffisamment récupéré du bloc neuromusculaire. Les autres facteurs pouvant être à l'origine d'une curarisation résiduelle après l'extubation post-opératoire (comme certaines interactions médicamenteuses ou l'état du patient) doivent aussi être pris en considération. Même s'ils ne sont pas utilisés en pratique clinique courante, l'utilisation d'un antidote doit être envisagée, en particulier dans les cas où la survenue d'une curarisation résiduelle est plus probable.

Des réactions anaphylactiques aux myorelaxants en général ont été décrites. Bien que celles-ci ne se produisent que très rarement avec le bromure de rocuronium, des précautions doivent toujours être prises pour pallier à la survenue de telles réactions. Il convient de prendre des précautions particulières en cas d'antécédents connus de réactions anaphylactiques aux myorelaxants, une réactivité allergique croisée pouvant se produire avec ces agents.

Généralement, après utilisation sur une longue durée de myorelaxants en unité de soins intensifs, des paralysies prolongées et/ou une faiblesse des muscles striés ont été notées. Afin de prévenir une prolongation possible du bloc neuromusculaire et/ou un surdosage, il est fortement recommandé d'utiliser un monitorage instrumental de la curarisation tout au long de l'utilisation des myorelaxants dans le contexte de la réanimation. De plus, les patients doivent recevoir une analgésie adaptée et être sédatés. Enfin, la dose de myorelaxant doit être ajustée individuellement pour chaque patient par un praticien expérimenté familiarisé avec leur action et avec les techniques appropriées de monitorage du bloc neuromusculaire, ou sous son contrôle.

Des myopathies ont été fréquemment rapportées après l'administration au long cours, dans les unités de soins intensifs, de curares non dépolarisants associés à une corticothérapie. Par conséquent, chez les patients recevant à la fois des myorelaxants et des corticoïdes, la durée d'utilisation du myorelaxant doit être la plus limitée possible (voir rubrique 4.5).

Précautions d'emploi

En cas d'utilisation de suxaméthonium pour l'intubation, l'administration de bromure de rocuronium doit être retardée jusqu'à décurarisation clinique du bloc neuromusculaire induit par le suxaméthonium.

Les conditions suivantes peuvent modifier les caractéristiques pharmacocinétiques et/ou pharmacodynamiques du bromure de rocuronium:

Atteinte hépatique et/ou des voies biliaires et insuffisance rénale

Le bromure de rocuronium étant éliminé par voie biliaire et urinaire, il doit être utilisé avec précaution chez les patients ayant une affection hépatique et/ou biliaire et/ou une insuffisance rénale cliniquement significatives. Chez ces patients, on a observé une prolongation de la durée d'action avec des doses de 0,6 mg de bromure de rocuronium par kg. Il n'y a pas de données disponibles chez les patients insuffisants hépatiques sévères.

Anomalies circulatoires

Lorsqu'il existe un allongement du temps de circulation (maladies cardiovasculaires, sénescence, œdème avec augmentation du volume de distribution), il peut y avoir une augmentation du délai d'action. La durée d'action peut également être prolongée du fait de la réduction de la clairance plasmatique.

Affections neuromusculaires

Comme tous les autres myorelaxants, le bromure de rocuronium doit être utilisé avec d'extrêmes précautions chez les patients atteints d'affections neuromusculaires ou après une poliomyélite puisque la réponse aux curares peut être modifiée dans de tels cas. L'importance et le type de ces changements peuvent varier considérablement. Chez les patients souffrant de myasthénie grave ou de syndrome myasthénique (Lambert-Eaton), de faibles doses de bromure de rocuronium peuvent avoir des effets marqués et son utilisation n'est pas recommandée dans ces situations. Il convient donc d'ajuster la posologie du bromure de rocuronium en utilisant le monitorage du bloc neuromusculaire.

Hypothermie

Au cours d'interventions chirurgicales en hypothermie, l'effet curarisant du bromure de rocuronium est à la fois plus intense et prolongé.

Obésité

Comme avec les autres agents myorelaxants, un allongement des durées de curarisation et de décurarisation peut être observé lors de l'utilisation du bromure de rocuronium chez les patients obèses lorsque la dose est calculée sur le poids réel.

Brûlés

Ces patients développent généralement une résistance aux curares non dépolarisants. Il convient donc d'ajuster la posologie du bromure de rocuronium en fonction de la réponse.

Conditions pouvant augmenter les effets du bromure de rocuronium

Hypokaliémie (par exemple après vomissements importants, diarrhées, traitement diurétique), hypermagnésémie, hypocalcémie (par exemple après transfusions massives), hypoprotidémie, déshydratation, acidose, hypercapnie et cachexie.

Des perturbations électrolytiques graves, des modifications du pH sanguin ou une déshydratation doivent donc être corrigées dans la mesure du possible.

Chez les patients recevant du sulfate de magnésium, la posologie du bromure de rocuronium doit être réduite et adaptée en fonction du monitorage du bloc neuromusculaire.

Ce médicament contient du sodium. Ce médicament contient 1,86 mg de sodium par ml. A prendre en compte chez les personnes suivant un régime hyposodé strict.

4.5. Interactions avec d'autres médicaments et autres formes d'interactions

Certaines substances peuvent modifier l'intensité et/ou la durée de l'effet des curares non dépolarisants.

Potentialisation de l'effet

· Les anesthésiques inhalés halogénés potentialisent le bloc neuromusculaire induit par le bromure de rocuronium. Cet effet ne se manifeste qu'avec les doses d'entretien (voir rubrique 4.2). L'inversion du bloc neuromusculaire avec les inhibiteurs de la cholinestérase peut également être inhibée.

· Après intubation avec le suxaméthonium (voir rubrique 4.4).

· La co-administration prolongée de corticoïdes et de bromure de rocuronium en unité de soins intensifs peut provoquer une prolongation du bloc neuromusculaire ou une myopathie (voir aussi rubriques 4.4 et 4.8).

· Autres médicaments:

o Antibiotiques: aminosides, lincosamides et polymyxine, pénicillines.

o Diurétiques, quinidine et son isomère la quinine, sels de magnésium, inhibiteurs calciques, sels de lithium, anesthésiques locaux (lidocaïne IV, bupivacaïne en épidurale) et administration de charge de phénytoïne ou d'agents β-bloquants.

Une recurarisation a été observée après l'administration post-opératoire de: aminosides, lincosamides, polymyxines et pénicillines, quinidine, quinine et sels de magnésium (voir rubrique 4.4).

Diminution de l'effet

Administration préalable chronique de phénytoïne ou de carbamazépine.

Effet variable

L'administration d'autres curares non dépolarisants avec le bromure de rocuronium peut provoquer une atténuation ou une potentialisation du bloc neuromusculaire, en fonction de l'ordre d'administration et du curare utilisé.

Le suxaméthonium administré après le bromure de rocuronium peut potentialiser ou atténuer l'effet de blocage neuromusculaire du bromure de rocuronium.

Effets d'ESMERON sur les autres médicaments:

La co-administration de lidocaïne et de bromure de rocuronium peut réduire le délai d'action de la lidocaïne.

4.6. Grossesse et allaitement

Grossesse

Il n'y a pas de données suffisantes concernant l'utilisation d'ESMERON chez la femme enceinte.

Les études pré-cliniques concernant les effets sur le développement embryo-fœtal, la mise bas et le développement post-natal sont insuffisantes (voir rubrique 5.3).

Par mesure de prudence, ESMERON ne doit pas être utilisé pendant la grossesse.

Allaitement

En absence de données sur le passage dans le lait maternel, il est recommandé de suspendre l'allaitement 12 heures au décours d'une administration de bromure de rocuronium.

4.7. Effets sur l'aptitude à conduire des véhicules et à utiliser des machines

Etant donné que le bromure de rocuronium est utilisé comme adjuvant de l'anesthésie générale, les précautions habituelles après une anesthésie générale doivent être prises pour les patients ambulatoires.

4.8. Effets indésirables

Les effets indésirables les plus fréquents incluent des réactions/douleurs au site d'injection, des modifications des signes vitaux et un bloc neuromusculaire prolongé. Les effets indésirables sévères les plus fréquemment rencontrés au cours de la surveillance depuis la commercialisation ont été des réactions anaphylactiques et anaphylactoïdes et symptômes associés. (Voir également les explications après le tableau.)

Classes de système d'organe MedDRA

Terme préféré1

Affections du système immunitaire

Hypersensibilité
Réaction anaphylactique
Réaction anaphylactoïde
Choc anaphylactique
Choc anaphylactoïde

Affections du système nerveux

Paralysie flasque

Affections cardiaques

Tachycardie

Affections vasculaires

Hypotension
Collapsus cardio-vasculaire
Choc
Bouffées vasomotrices

Affections respiratoires, thoraciques et médiastinales

Bronchospasme

Affections de la peau et du tissu sous-cutané

Œdème angioneurotique
Urticaire
Rash
Rash érythémateux

Affections musculo-squelettiques et du tissu conjonctif

Faiblesse musculaire2
Myopathie stéroïde2

Troubles généraux et anomalies au site d'administration

Inefficacité
Diminution de l'effet/réponse thérapeutique
Augmentation de l'effet/réponse thérapeutique
Œdème de la face
Douleur au site d'injection
Réaction au site d'injection

Lésions, intoxications et complications liées aux procédures

Bloc neuromusculaire prolongé

Allongement du délai de récupération après l'anesthésie

Complication respiratoire de l'anesthésie

MedDRA version 11.0

1 Fréquences indéterminées

2 Après utilisation au long cours en unités de soins intensifs

Réactions anaphylactiques

Bien que très rares, des réactions anaphylactiques graves ont été décrites pour l'ensemble des myorelaxants y compris le bromure de rocuronium. Ces réactions anaphylactiques/anaphylactoïdes sont à type de bronchospasme, de modifications cardiovasculaires (par exemple, hypotension, tachycardie, collapsus/choc circulatoire) et manifestations cutanées (par exemple, angioedème, urticaire).

Ces réactions ont été, dans certains cas, mortelles. A cause de leur sévérité potentielle, il est nécessaire d'évoquer leur survenue éventuelle et de prendre les précautions adéquates.

Libération d'histamine et réactions histaminoïdes

Les myorelaxants peuvent induire une libération d'histamine, à la fois au niveau local et systémique. De ce fait, il est possible qu'un prurit et des réactions érythémateuses apparaissent au site d'injection et/ou que des réactions histaminoïdes (anaphylactoïdes) systémiques telles que des bronchospasmes et des troubles cardio-vasculaires à type d'hypotension ou de tachycardie se produisent après l'administration de ces médicaments.

Dans les études cliniques, de légères élévations des taux plasmatiques moyens d'histamine ont été relevées après l'injection rapide de bromure de rocuronium en bolus à des doses de 0,3 - 0,9 mg/kg.

Bloc neuromusculaire prolongé

L'effet indésirable le plus fréquent des médicaments de la classe des myorelaxants non dépolarisants est la curarisation résiduelle. Ceci peut aller d'une faiblesse des muscles striés à un bloc neuromusculaire profond et prolongé aboutissant à une insuffisance respiratoire ou une apnée par obstruction des voies aériennes supérieures.

Myopathie

Quelques cas de myopathie ont été rapportés lors de l'utilisation de divers myorelaxants en unité de soins intensifs en association avec des corticoïdes (voir rubrique 4.4).

4.9. Surdosage

En cas de surdosage et de bloc neuromusculaire prolongé, le patient doit être maintenu sous ventilation assistée et être sédaté. Il doit recevoir, dès l'amorce de la décurarisation spontanée, un inhibiteur de l'acétylcholinestérase (par exemple la néostigmine) à dose appropriée en association avec l'atropine. Cette administration sera guidée par les données fournies par le monitorage instrumental de la curarisation avec notamment la présence de 4 réponses franches à l'adducteur du pouce après une stimulation en train de quatre.

Dans l'éventualité où l'administration de l'inhibiteur de l'acétylcholinestérase n'inhiberait pas les effets curarisants du bromure de rocuronium, la ventilation assistée devra être maintenue jusqu'à la restauration de la respiration spontanée.

L'administration répétée d'un inhibiteur de l'acétylcholinestérase peut être dangereuse.

5. PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES

5.1. Propriétés pharmacodynamiques

Classe pharmacothérapeutique: MYORELAXANT, AGENT A ACTION PERIPHERIQUE, Code ATC: MO3AC09.

Mécanisme d'action

Le bromure de rocuronium est un myorelaxant non dépolarisant d'action rapide et de durée d'action intermédiaire, qui possède toutes les propriétés pharmacologiques propres à cette classe thérapeutique (curares). Il agit en se fixant, par un phénomène de compétition, sur les récepteurs cholinergiques nicotiniques de la plaque motrice. Cette action est contrecarrée par les inhibiteurs de l'acéthylcholinestérase.

Effets pharmacodynamiques

La DE90 (dose nécessaire pour déprimer 90 % de la réponse du « twitch », mesurée au niveau du pouce lors de la stimulation du nerf cubital) au cours d'une anesthésie balancée est d'environ 0,3 mg/kg. Chez le nourrisson, la DE95 est plus faible que chez l'enfant et l'adulte (respectivement 0,25, 0,35 et 0,40).

La durée d'action clinique (c'est-à-dire le temps nécessaire pour obtenir une récupération de 25 % de la hauteur du « twitch de contrôle ») est de 30 à 40 minutes après administration de 0,6 mg/kg de bromure de rocuronium. La durée d'action totale (temps nécessaire pour une récupération de 90 % de la hauteur du « twitch de contrôle») est de 50 minutes.

Après administration d'un bolus de 0,6 mg de bromure de rocuronium, le délai moyen pour que la récupération spontanée passe de 25 à 75 % du « twitch » (index de récupération) est de 14 minutes.

Avec des doses plus faibles de bromure de rocuronium, comprises entre 0,3 et 0,45 mg/kg (1 à 1,5 x DE90), le bloc survient moins rapidement et sa durée est raccourcie.

Avec des doses élevées de 2 mg/kg, la durée d'action clinique est de 110 minutes.

Intubation en anesthésie de routine

L'injection intraveineuse d'une dose de 0,6 mg/kg de bromure de rocuronium (2x DE90 sous anesthésie balancée) permet d'obtenir des conditions d'intubation trachéale correctes en 60 secondes chez pratiquement tous les patients; ces conditions sont excellentes chez 80 % des patients. A cette même dose, une curarisation compatible avec n'importe quel type de chirurgie est obtenue en 2 minutes.

L'administration de 0,45 mg/kg de bromure de rocuronium permet d'obtenir des conditions d'intubation acceptables en 90 secondes.

Populations particulières

Le délai d'action moyen chez l'enfant et le nourrisson après une dose d'intubation de 0,6 mg/kg est légèrement plus court que chez l'adulte. La durée de la relaxation musculaire et le délai de récupération tendent à être plus courts chez l'enfant que chez le nourrisson et l'adulte.

La durée d'action des doses d'entretien de 0,15 mg/kg de bromure de rocuronium peut être légèrement augmentée sous anesthésie à l'enflurane et l'isoflurane en gériatrie et chez les patients avec atteinte rénale et/ou hépatique (environ 20 minutes) par rapport aux patients sans atteinte fonctionnelle et sous anesthésie intraveineuse (environ 13 minutes). Aucun effet cumulatif (augmentation progressive de la durée d'action) n'a été observé avec les doses d'entretien recommandées.

Chirurgie cardiovasculaire

Chez les patients devant subir une intervention cardiovasculaire, les modifications cardiovasculaires les plus couramment observées lors de l'installation du bloc maximal, après administration de 0,6 à 0,9 mg/kg de bromure de rocuronium, sont une légère accélération, cliniquement non significative, de la fréquence cardiaque (atteignant au maximum 9 %) et une élévation de la pression artérielle moyenne (atteignant au maximum 16 %).

Inversion du bloc neuro-musculaire

L'administration d'inhibiteurs de l'acétylcholinestérase à la réapparition de T2 ou aux premiers signes de récupération clinique antagonise les effets du bromure de rocuronium.

5.2. Propriétés pharmacocinétiques

Après administration en bolus d'une dose de bromure de rocuronium, la concentration plasmatique se déroule en trois phases exponentielles. Chez les adultes sains la demi-vie moyenne (intervalle de confiance à 95 %) d'élimination est de 73 (66 - 80) minutes, le volume apparent de distribution à l'équilibre est de 203 (193-214) ml/kg et la clairance plasmatique de 3,7 (3,5 - 3,9) ml/kg/min.

Au cours d'études contrôlées, la clairance plasmatique chez les patients âgés ou insuffisants rénaux était réduite, sans toutefois atteindre une différence significative. Chez les insuffisants hépatiques, la demi-vie d'élimination moyenne est prolongée de 30 minutes et la clairance plasmatique est réduite de 1 ml/kg/min. Il n'y a pas de données chez les insuffisants hépatiques sévères.

Chez le nourrisson de 3 mois à 1 an, le volume de distribution apparent à l'état d'équilibre est augmenté par rapport à l'adulte et à l'enfant de 1 à 8 ans. Chez l'enfant plus âgé (3 à 8 ans), il y a une tendance à une augmentation de la clairance et à une diminution de la demi-vie d'élimination (environ 20 minutes) par rapport à adulte, l'enfant plus jeune et le nourrisson.

Le bromure de rocuronium est excrété dans la bile et les urines. 70 % de l'excrétion urinaire se fait dans les 12 premières heures. Après injection d'une dose de bromure de rocuronium radiomarqué, l'excrétion est en moyenne à 47 % urinaire et 43 % dans les fèces après 9 jours.

Environ 50 % est retrouvé sous forme inchangée, le reste sous forme de metabolites inconnus.

5.3. Données de sécurité préclinique

Des effets n'ont été observés chez l'animal dans les études de toxicité après administrations répétées qu'à des doses supérieures à celles administrées chez l'homme.

Le bromure de rocuronium ne s'est pas révélé génotoxique.

Dans les études de reprotoxicité, aucun effet malformatif imputable au bromure de rocuronium n'a été mis en évidence à des doses inférieures aux doses administrées chez l'homme. Chez le rat, à des doses équivalentes aux doses administrées chez l'homme (doses maternotoxiques) les effets pharmacologiques du produit sont à l'origine d'une embryotoxicité.

6. DONNEES PHARMACEUTIQUES

6.1. Liste des excipients

Acétate de sodium, chlorure de sodium, acide acétique glacial, eau pour préparations injectables.

6.2. Incompatibilités

Une incompatibilité physique a été démontrée entre le bromure de rocuronium et les solutions renfermant les produits suivants: amoxicilline, amphotéricine, azathioprine, céfazoline, cloxacilline, dexaméthasone, diazépam, enoxamone, érythromycine, famotidine, furosémide, hydrocortisone (succinate sodique), insuline, intralipide, méthohexital, méthylprednisolone, prednisolone (succinate sodique), thiopental, triméthoprime et vancomycine.

Ce médicament ne doit pas être mélangé avec d'autres médicaments à l'exception de ceux mentionnés dans la rubrique 6.6.

6.3. Durée de conservation

3 ans.

Après dilution avec les solutés de perfusion (voir rubrique 6.6), la stabilité chimique et physique de la solution diluée à été démontrée à 72 h à 30°C. D'un point de vue microbiologique, le médicament dilué doit être utilisé immédiatement. Si le médicament n'est pas utilisé immédiatement, les durées et les conditions de conservation de la solution reconstituée avant utilisation sont sous la responsabilité de l'utilisateur et ne doivent normalement pas dépasser 24 h entre 2 et 8°C, à moins que la dilution n'ait été réalisée dans des conditions aseptiques validées.

6.4. Précautions particulières de conservation

A conserver à une température comprise entre 2°C et 8°C (au réfrigérateur).

ESMERON peut être maintenu en dehors du réfrigérateur (entre 8°C et 30°C) pendant 12 semaines maximum. La date de sortie du réfrigérateur doit être inscrite dans l'emplacement prévu à cet effet.

Pour les conditions de conservation du médicament dilué, voir rubrique 6.3.

6.5. Nature et contenu de l'emballage extérieur

2,5 ml en flacon en verre incolore de type I avec bouchon en bromobutyle, boîte de 10 flacons.

5 ml en flacon en verre incolore de type I avec bouchon en bromobutyle, boîtes de 10 et 12 flacons.

10 ml en flacon en verre incolore de type I avec bouchon en bromobutyle, boîte de 10 flacons.

Toutes les présentations peuvent ne pas être commercialisées.

6.6. Précautions particulières d’élimination et de manipulation

Des études de compatibilité ont été effectuées avec les solutés de perfusion suivants. Le bromure de rocuronim s'est avéré compatible avec: le soluté de chlorure de sodium à 0,9 %, le soluté glucosé à 5 %, l'eau pour préparations injectables, les solutés de Ringer lactate, le soluté d'Isodex et de chlorure de sodium à 0,9 %, l'Haemaccel 35 et le soluté de Plasmaprotein.

Les solutions doivent être utilisées dans les 24 heures qui suivent leur préparation. Les solutions inutilisées doivent être jetées.

Le bromure de rocuronium peut être injecté dans la tubulure d'une perfusion effectuée avec la plupart des produits intraveineux couramment utilisés, à l'exception de ceux mentionnés à la rubrique 6.2.

Si ESMERON est administré dans la même tubulure que celle déjà utilisée pour un autre médicament, il est important que cette tubulure soit suffisamment rincée (par exemple avec du chlorure de sodium à 0,9 %) entre l'administration de ESMERON et des médicaments pour lesquels une incompatibilité avec ESMERON a été démontrée ou pour lesquels la compatibilité avec ESMERON n'a pas été établie.

7. TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE

MSD FRANCE

34, avenue Leonard de Vinci

92400 COURBEVOIE

8. NUMERO(S) D’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE

· 564 997-5 ou 34009 564 997 5 5: 2,5 ml en flacon (verre). Boîte de 10.

· 571 521-2 ou 34009 571 521 2 3: 5 ml en flacon (verre). Boîte de 10.

· 559 778-7 ou 34009 559 778 7 2: 5 ml en flacon (verre) boîte de 12.

· 559 779-3 ou 34009 559 779 3 3: 10 ml en flacon (verre) boîte de 10.

9. DATE DE PREMIERE AUTORISATION/DE RENOUVELLEMENT DE L’AUTORISATION

[à compléter par le titulaire]

10. DATE DE MISE A JOUR DU TEXTE

[à compléter par le titulaire]

11. DOSIMETRIE

Sans objet.

12. INSTRUCTIONS POUR LA PREPARATION DES RADIOPHARMACEUTIQUES

Sans objet.

CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DELIVRANCE

Liste I.

Réservé à l'usage hospitalier.