RÉSUMÉ DES CARACTÉRISTIQUES DU PRODUIT

ANSM - Mis à jour le : 25/11/2011

1. DENOMINATION DU MEDICAMENT

RAPIFEN 1 mg (0,5 mg/ml), solution injectable

2. COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE

Chlorhydrate d'alfentanil ................................................................................................................. 0,544 mg

Quantité correspondant en alfentanil ................................................................................................ 0,500 mg

Pour 1 ml de solution.

Pour la liste complète des excipients, voir rubrique 6.1.

3. FORME PHARMACEUTIQUE

Solution injectable.

4. DONNEES CLINIQUES

4.1. Indications thérapeutiques

Analgésique central réservé à l'anesthésie.

· En raison de son action rapide et de courte durée, l'alfentanil est particulièrement indiqué pour l'anesthésie ambulatoire ou de courte durée.

· L'alfentanil peut être également utilisé pour les interventions de durée moyenne ou longue sous forme de réinjections à la demande ou en perfusion continue.

4.2. Posologie et mode d'administration

Ce produit ne doit être administré que par des médecins spécialisés en anesthésie-réanimation ou en médecine d'urgence et familiarisés avec l'utilisation des anesthésiques, ou sous leur contrôle, et disposant de tout le matériel d'anesthésie-réanimation nécessaire.

Les recommandations des sociétés savantes concernées doivent être respectées, notamment en cas d'utilisation en situation extra-hospitalière (situation d'urgence ou transport médicalisé).

La posologie sera individualisée. Les facteurs à prendre en compte pour déterminer la posologie sont l'âge, le poids corporel, l'état physique, les maladies sous-jacentes (voir rubrique 4.4), l'utilisation d'autres médicaments (voir rubrique 4.5), le type d'anesthésie employé et le type et la durée de l'intervention chirurgicale.

La dose d'alfentanil utilisée tiendra compte de la demi-vie d'élimination qui est fonction de l'âge du patient (voir rubrique 5.2).

La posologie initiale d'alfentanil sera réduite chez le sujet âgé en mauvaise condition physique (les doses de morphiniques sont habituellement diminuées de moitié chez les patients de plus de 70 ans). Chez l'enfant, elle doit être augmentée. L'effet observé avec la dose initiale sera pris en compte pour déterminer les doses supplémentaires. La tolérance et les conditions d'utilisation n'ayant pas été établies chez le très jeune enfant, ne pas utiliser ce produit chez de tels patients.

D'après la durée de l'intervention, la posologie sera la suivante:

Ventilation spontanée (adultes)

Durée de l'intervention

Doses d'induction

Réinjection (toutes les 10 à 15 min. si prolongation)

< 10 min

7 à 12 µg/kg

5 à 10 µg/kg

Ventilation assistée*

Durée de l'intervention

Doses d'induction

Doses d'entretien

soit injections répétées toutes les 10 à 15 min

soit perfusion continue (µg/kg/min)

10 à 30 min

20 à 40 µg/kg

15 µg/kg

-

30 à 60 min

40 à 80 µg/kg

15 µg/kg

1 à 1,5

> 60 min

80 à 150 µg/kg (en plusieurs min)

-

1 à 1,5

*Ces doses impliquent une surveillance attentive de la ventilation au moins 3 heures après la fin de l'intervention.

· Afin d'éviter une dépression respiratoire post-opératoire, l'administration d'alfentanil sera arrêtée avant la fin de l'intervention.

· La dose d'entretien peut être augmentée au moment des temps opératoires douloureux ou si le protocole anesthésique ne comporte pas d'anesthésiques par inhalation.

· A la dose de 120 µg/kg, l'alfentanil pourra être employé comme inducteur d'anesthésie à condition d'assurer simultanément une relaxation musculaire suffisante.

4.3. Contre-indications

Ce médicament NE DOIT JAMAIS ETRE UTILISE dans les cas suivants:

· Hypersensibilité connue aux morphiniques.

· Dépression respiratoire non assistée.

· Pneumopathie chronique obstructive.

· Myasthénie contre-indiquant l'usage de myorelaxant.

· Association aux agonistes-antagonistes morphiniques (voir rubrique 4.5).

4.4. Mises en garde spéciales et précautions d'emploi

Mises en garde spéciales

· L'assistance respiratoire doit obligatoirement être prévue; l'utilisation de doses élevées sera de préférence accompagnée d'un contrôle post-opératoire minutieux de la ventilation. Les antimorphiniques sont en cas de nécessité, des antagonistes fiables de la dépression respiratoire.

· L'administration d'un anticholinergique (atropine) doit être pratiquée de préférence immédiatement avant l'injection par voie IV pour prévenir les effets cholinergiques.

· Lors de l'induction, l'alfentanil peut induire une rigidité musculaire. Cette rigidité peut être évitée en prenant les mesures suivantes:

o L'administration en injection lente doit être suffisamment lente lorsque l'alfentanil est utilisé à faibles doses.

o L'administration de myorelaxants immédiatement avant celle d'alfentanil prévient la rigidité musculaire.

· Pendant l'anesthésie, l'hyperventilation peut modifier les réponses du patient au CO2, entraînant une modification de la ventilation post-opératoire.

· L'administration de ce médicament est à éviter avec la naltrexone et la prise de boissons alcoolisées et de médicaments contenant de l'alcool (voir rubrique 4.5).

Précautions d'emploi

· En cas d'hypovolémie non corrigée ou d'insuffisance cardiaque non compensée, la dose d'induction devra être adaptée et administrée lentement afin d'éviter une dépression cardiovasculaire souvent majorée par l'administration concomitante d'autres drogues anesthésiques.

· L'administration d'alfentanil en bolus IV rapides doit être évitée chez les patients présentant des troubles de la circulation intracérébrale: chez ces patients, une diminution transitoire de la pression artérielle a parfois été associée à une réduction de courte durée de la pression cérébrale de perfusion.

· Chez le sujet âgé et chez l'obèse, ainsi qu'au cours d'une utilisation en perfusion d'une durée supérieure à 3 heures, la demi-vie terminale pourra être allongée: il conviendra d'en tenir compte au cours de l'administration du médicament.

· En cas d'insuffisance hépatique, étant donné que le métabolisme de l'alfentanil est presque exclusivement hépatique, sa durée d'action peut être prolongée. En conséquence, la surveillance post-opératoire doit être prolongée et les doses devront être réduites quand 40µg/kg sont atteints.

· En cas d'insuffisance respiratoire chronique, la surveillance pendant et après administration d'alfentanil devra être accrue.

· En cas d'hypothyroïdie non contrôlée, de rare cas de chutes tensionnelles ont été rapportées. En conséquence, la dose initiale sera diminuée et la surveillance post-opératoire doit être prolongée.

4.5. Interactions avec d'autres médicaments et autres formes d'interactions

Associations contre-indiquées

(voir rubrique 4.3)

+ Agoniste-antagonistes morphiniques

Nalbuphine, buprénorphine, pentazocine: diminution de l'effet antalgique par blocage compétitif des récepteurs, avec risque d'apparition d'un syndrome de sevrage.

Associations déconseillées

(voir rubrique 4.4)

+ Alcool

Majoration par l'alcool de l'effet sédatif des analgésiques morphiniques. L'altération de la vigilance peut rendre dangereuse la conduite de véhicules et l'utilisation des machines.

Eviter la prise de boissons alcoolisées et de médicaments contenant de l'alcool.

+ Naltrexone

Risque de diminution de l'effet antalgique. Si nécessaire, augmenter les doses du dérivé morphinique.

Associations faisant l'objet de précautions d’emploi

+ Cimétidine

Avec la cimétidine utilisée à des doses supérieures ou égales à 800 mg/j: augmentation de l'effet dépresseur respiratoire de l'analgésique opiacé par diminution de son métabolisme hépatique.

Adapter la posologie de l'alfentanil en cas de traitement par la cimétidine.

+ Diltiazem, érythromycine, fluconazole

Augmentation de l'effet dépresseur respiratoire de l'analgésique opiacé par diminution de son métabolisme hépatique.

Adapter la posologie de l'alfentanil en cas de traitement par: érythromycine, fluconazole, diltiazem.

Associations à prendre en compte

+ Autres analgésiques morphiniques agonistes (y compris les antitussifs morphiniques et les traitement de substitution), benzodiazépines, barbituriques

Risque majoré de dépression respiratoire, pouvant être fatale en cas de surdosage.

+ Autres médicaments sédatifs

Antidépresseurs sédatifs, antihistaminiques H1 sédatifs, anxiolytiques, hypnotiques, neuroleptiques, antihypertenseurs centraux.

Majoration de la dépression centrale. L'altération de la vigilance peut rendre dangereuse la conduite de véhicule et l'utilisation de machines.

4.6. Grossesse et allaitement

Grossesse

Il n'y a pas actuellement de données fiables de tératogénèse chez l'animal.

En clinique, il n'existe pas de données pertinentes, pour évaluer un éventuel effet malformatif ou fœtotoxique de l'alfentanil lorsqu'il est administré pendant la grossesse. En fin de grossesse, par analogie avec la morphine et ses dérivés, l'alfentanil est susceptible d'entraîner une dépression respiratoire chez le nouveau-né.

En conséquence, l'utilisation de l'alfentanil ne doit être envisagée au cours de la grossesse que si nécessaire.

Allaitement

L'alfentanil peut être excrété dans le lait maternel. En conséquence, l'allaitement est contre-indiqué pendant les 24 heures suivant l'administration d'alfentanil.

4.7. Effets sur l'aptitude à conduire des véhicules et à utiliser des machines

Un délai de temps suffisant doit être observé entre l'administration d'alfentanil et la reprise de la conduite automobile ou l'utilisation de machines. En cas d'administration d'alfentanil au cours d'une intervention en ambulatoire, le patient ne doit pas conduire avant le lendemain matin de l'intervention.

4.8. Effets indésirables

Ceux des morphinomimétiques, à savoir: dépression respiratoire, apnée, rigidité musculaire (en particulier, rigidité thoracique) mouvements myocloniques, bradycardie, hypotension (transitoire), nausée, vomissements et sensation de vertige.

Autres effets indésirables très rarement rapportés:

· De rares cas de dépression respiratoire secondaire survenant en période post-opératoire ont été rapportés (voir rubrique 4.4).

· Laryngospasme.

· Réaction d'hypersensibilité (en particulier, anaphylaxie, bronchospasme, prurit, urticaire) et asystolie ont été rapportées chez des patients polymédicamentés au cours de l'anesthésie. Le lien de causalité avec l'alfentanil est donc incertain.

4.9. Surdosage

Symptômes

Symptomatologie de l'intoxication morphinique se manifestant par une dépression respiratoire, allant d'une bradypnée à l'apnée, accompagnée ou non d'une rigidité musculaire.

Traitement

Dans l'éventualité d'un surdosage avéré ou suspecté, la conduite à tenir est la suivante: arrêter l'administration d'alfentanil, assurer la perméabilité des voies aériennes, entreprendre une ventilation assistée ou contrôlée avec une oxygénation et maintenir une fonction cardiovasculaire adaptée. Si la dépression respiratoire est associée à une rigidité musculaire, l'administration d'un curare peut être nécessaire pour faciliter la ventilation assistée ou contrôlée. Le remplissage vasculaire, l'administration de vasopresseurs pour corriger l'hypotension artérielle et d'autres mesures d'assistance des fonctions vitales peuvent être utiles.

En cas de dépression respiratoire sévère et de rigidité musculaire, un antagoniste morphinique, comme la naloxone, peut être administré par voie intraveineuse à titre d'antidote spécifique.

5. PROPRIETES PHARMACOLOGIQUES

5.1. Propriétés pharmacodynamiques

ANTALGIQUE / ANALGESIQUE PUR MORPHINIQUE.

(N: système nerveux central).

Analgésique central puissant d'action rapide et brève possédant:

· une puissance analgésique 7 fois moindre que celle du fentanyl,

· un début d'action très rapide (¼ du fentanyl),

· une durée d'action très courte (1/3 du fentanyl),

· une dépression respiratoire dose-dépendante entraînant:

o la ventilation spontanée pour des doses < 12 µg/kg,

o la ventilation assistée avec ou sans intubation pour des doses > 12 µg/kg,

· une durée d'analgésie dose-dépendante de plus longue durée que la dépression respiratoire.

L'alfentanil est compatible avec les agents utilisés habituellement en anesthésie: autres analgésiques, anesthésiques généraux et locaux, neuroleptiques, tranquillisants, curares, ganglioplégiques et substances vasomotrices diverses.

5.2. Propriétés pharmacocinétiques

Le faible degré d'ionisation (11 % à pH = 7,4) contribue significativement à la distribution rapide du produit. La distribution tissulaire est limitée: le volume total de distribution varie entre 0,4 et 1,0 l/kg, soit environ 1/4 à 1/10 de celui du fentanyl. Comparé au fentanyl, le volume de distribution est limité du fait de sa moindre liposolubilité et de l'importance de sa liaison aux protéines plasmatiques (92 %) dûe principalement à une grande affinité pour l'alpha 1 glycoprotéine acide.

Le petit volume de distribution de l'alfentanyl explique que sa demi-vie terminale d'élimination (moyenne: 90 min, extrêmes 60-150 min) soit beaucoup plus courte que celles du fentanyl et du sufentanil, en dépit d'une extraction hépatique plus faible.

Il est à noter une demi-vie d'élimination plus rapide (45 min environ) chez l'enfant âgé de 1 an à 7 ans et plus longue (150 min. environ) chez le nourrisson de moins de 1 mois.

Les diminutions de concentrations plasmatiques d'alpha 1 glycoprotéïne acide, observée notamment en cas de dilution dans certaines chirurgies comme la chirurgie cardiaque, s'accompagnent d'une augmentation du volume de distribution et par conséquent de la demi-vie terminale.

L'alfentanil est principalement métabolisé dans la foie.

Les 2 voies métaboliques principales consistent au niveau du foie en N-déalkylation oxydative et une O-déméthylation oxydative. Les métabolites sont inactifs et 70 à 80 % de ces métabolites sont éliminées dans les urines.

Seul 1 % de la dose administrée est retrouvé sous forme inchangée dans l'urine. La clairance plasmatique est d'environ 5 ml/min/kg.

Elle représente donc sa clairance métabolique et son élimination est surtout dépendante de l'intégrité de la capacité métabolique hépatocytaire. Le cœfficient d'extraction hépatique de l'alfentanil, mesuré chez l'homme est de 0,3 à 0,4. Des diminutions inter-individuelles du métabolisme de l'alfentanil ont été rapportées chez des patients indemnes d'atteinte de la fonction hépatique. L'incidence de ces altérations du métabolisme serait de l'ordre de 10 %.

Lorsque l'état d'équilibre est atteint après perfusion d'une durée ≤ 3 heures, la demi-vie d'élimination demeure inchangée. Au-delà, elle est augmentée.

5.3. Données de sécurité préclinique

Non renseignée.

6. DONNEES PHARMACEUTIQUES

6.1. Liste des excipients

Chlorure de sodium, solution d'hydroxyde de sodium à 0,1 N ou d'acide chlorhydrique à 0,1 N, eau pour préparations injectables.

6.2. Incompatibilités

En l'absence d'études de compatibilité, ce médicament ne doit pas être mélangé avec d'autres médicaments.

6.3. Durée de conservation

5 ans.

Après ouverture: le produit doit être utilisé immédiatement.

6.4. Précautions particulières de conservation

A conserver à une température inférieure à 25°C.

6.5. Nature et contenu de l'emballage extérieur

5 ampoules (verre) de 2 ml.

6.6. Précautions particulières d’élimination et de manipulation

Pas d'exigences particulières.

7. TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE

JANSSEN CILAG

1 RUE CAMILLE DESMOULINS

TSA 91003

92787 ISSY-LES-MOULINEAUX CEDEX 9

8. NUMERO(S) D’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE

· 554 605-7: 5 ampoules (verre) de 2 ml.

9. DATE DE PREMIERE AUTORISATION/DE RENOUVELLEMENT DE L’AUTORISATION

[à compléter par le titulaire]

10. DATE DE MISE A JOUR DU TEXTE

[à compléter par le titulaire]

11. DOSIMETRIE

Sans objet.

12. INSTRUCTIONS POUR LA PREPARATION DES RADIOPHARMACEUTIQUES

Sans objet.

CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DELIVRANCE

Stupéfiant: prescription limitée à 7 jours.

Prescription sur ordonnance répondant aux spécifications fixées par l'arrêté du 31 mars 1999.

Réservé à l'usage hospitalier.

Médicament pouvant être administré par tout médecin spécialisé en anesthésie-réanimation ou en médecine d'urgence dans les cas où il intervient en situation d'urgence ou dans le cadre d'une structure d'assistance médicale mobile ou de rapatriement sanitaire (article R. 5121-96 du code de la santé publique).